Les baleines sont aujourd’hui perçues comme des « icones » de la biodiversité, en raison de leur taille, de leur comportement et – malheureusement – du fait qu’elles ont failli être exterminées par la pêche commerciale. Au cours du seul 20e siècle, presque 3 millions de baleines ont été tuées.

 

Confrontées à cette situation catastrophique, 15 nations pratiquant la chasse à la baleine signent en 1946 la Convention internationale pour la règlementation de la chasse à la baleine, visant à promouvoir une chasse durable, notamment par la mise en place d’une Commission baleinière internationale. Mais elle sera ensuite détournée, notamment par des pays, en particulier l’Union soviétique et le Japon, qui ont camouflé des captures illégales pendant des décennies.

Mais la situation commence véritablement à changer à partir du début des années 1970, en raison d’un glissement dans l’équilibre du pouvoir au sein de la Commission baleinière internationale. Des nations, qui avaient arrêté la chasse à la baleine s’engagent en faveur de leur protection, tandis que d’autres, clairement opposées à la chasse, deviennent membres de la Commission.

En 1982, la Commission baleinière internationale aboutit à un vote qui impose l’interdiction de la chasse commerciale à la baleine, devant être mis en œuvre en 1986. Cependant, deux failles dans la Convention ont permis à trois nations baleinières de détourner l’interdiction : la Norvège, l’Islande et le Japon. Le Japon prétendait exercer une pêche scientifique, affirmation dénuée de fondement. Malgré cela, cette décision a permis la forte augmentation nombre de baleines dans le monde depuis 1986.

Mais d’autres dangers persistent pour les baleines. Aujourd’hui, le risque vient surtout des collisions avec des bateaux et des captures involontaires dans des engins de pêche.

De nos jours, le statut des grandes baleines est très variable d’une espèce à l’autre : certaines espèces voient leur population augmenter fortement, tandis que d’autres demeurent en danger.

Selon une étude de 2015, sur les 14 espèces de grandes baleines, 36 % sont en augmentation, 14 % sont stables ; l’évolution de la moitié restante étant inconnue [1].

 

Voici la situation d’espèces qui ont vécu une véritable renaissance. Elles ont d’ailleurs été sorties en 2008 de la liste rouge des espèces en danger de l’Union internationale pour la conservation de la nature. La sixième, le rorqual commun, est toujours considérée comme en danger, mais sa population de 100 000 individus, toujours en croissance, incite à l’optimisme.

[1] Roman, J., Dunphy-Daly, M. M., Johnston, D. W. & Read, A.J. (2015). Lifting baselines to address the consequences of conservation success, Trends in Ecology & Evolution, 30 (6), 299-302 (p. 300).

baleine à bosse
LA BALEINE A BOSSE

Cette baleine, qui vit dans les océans et les mers du monde entier, est peut-être l’espèce qui a le mieux profité de l’évolution de la législation. Alors qu’il n’en restait plus que 1400 au maximum en 1966 [2], leur nombre était évalué à 135 000 en 2018 [3], soit une quasi multiplication par 100 en un demi-siècle.

Cet animal est aujourd’hui la star du tourisme environnemental dans divers pays du monde, en raison de ses sauts spectaculaires hors de l’eau.

[2] Dalton, R. (2008) Whales are on the rise. Nature, 453, 433.
[3] IUCN Red list; 
https://www.iucnredlist.org/species/13006/50362794#assessment-information

baleine boreale
LA BALEINE BOREALE

Pesant entre 75 et 100 tonnes, c’est le deuxième plus gros animal après la baleine bleue. Cette baleine, qui vit uniquement dans l’hémisphère Nord, intéresse particulièrement les spécialistes de la longévité car elle peut vivre plus de deux siècles [4].

La population mondiale s’élève à 25 000 individus et continue à augmenter. La sous-population la plus importante, vivant dans les eaux situées entre la Russie et les Etats-Unis, estimée à 16 000 individus, a quasiment retrouvé son niveau d’avant la chasse à la baleine [5].


[4] Keane M, et al. (2015) Insights into the evolution of longevity from the bowhead whale genome. Cell Reports 10:112–122.
[5] IUCN Red list ; https://www.iucnredlist.org/species/2467/50347659

baleine boreale

Courbe pour l’Arctique Ouest : 110 Success Stories for Endangered Species Day 2012

baleine franche australe
LA BALEINE FRANCHE AUSTRALE

Cette espèce a fait l’objet d’une chasse intensive aux 18e et 19e siècles, au point qu’il ne restait plus que 400 individus en 1920. Mais la protection a eu des effets très positifs puisque leur nombre était évalué à 13 600 individus en 2009 [6]. Une sous population, présente au Chili et au Pérou, reste cependant en grand danger de disparition, notamment en raison d’emmêlement dans des engins de pêche et de collision avec des bateaux.

[6] IUCN Red list ; https://www.iucnredlist.org/species/8153/50354147#population

baleine grise
LA BALEINE GRISE

La baleine grise a été chassée depuis les temps préhistoriques et était particulièrement vulnérable en raison de sa nage lente et de sa proximité des côtes. La population de l’Atlantique Nord s’est éteinte au début du 18e siècle. L’espèce elle-même a été en danger mais sa population a augmenté depuis qu’elle est protégée. Elle est aujourd’hui stable, se situant autour de 27 000 individus [7].

[7] IUCN Red list; 
https://www.iucnredlist.org/species/8097/50353881#bibliography