Il existe sept espèces de tortues marines (tortue à dos plat, tortue caouane, tortue de Kemp, tortue imbriquée, tortue luth, tortue verte, tortue olivâtre). Ces animaux sont largement répartis dans les océans du monde, mais ont fortement souffert de déclin de population en raison notamment de la récolte des œufs, de la chasse des adultes et de prises de pêche involontaires. Ce qui a entraîné des efforts de conservation dans le monde depuis les années 1950, en particulier des mesures de protection des plages, des lois sur les prises involontaires de pêche ainsi que la création d’aires marines protégées.

Une vaste synthèse montre que leurs populations ont globalement tendance à augmenter [1]. Elles diminuent dans cinq zones de reproduction et augmentent dans douze zones. Même de faibles populations initiales sont parvenues à récupérer. Parmi les progrès les plus remarquables, signalons ceci : il y avait 200 nids de tortues vertes sur le Banc de sable de la Frégate française (Hawaï) en 1973 et dix fois plus 40 ans plus tard.

Certaines pontes sont spectaculaires, lors d’arribadas. Il s’agit d’arrivées d’un grand nombre de femelles en même temps sur une plage pour y pondre. Selon une étude, cette « stratégie » collective divise par sept le risque de capture des œufs par les prédateurs. Ceux-ci sont vite rassasiés et ne peuvent se nourrir que pendant une courte durée [2]. Mais les arribadas ont malheureusement l’effet inverse en cas de prédation par les humains qui profitent de cette situation pour récolter une grande quantité d’œufs [3].

Dans une autre synthèse, des chercheurs ont étudié les 62 espèces de mammifères marins et de tortues de mer initialement incluses dans la liste des espèces en danger qui apparaissent et se reproduisent dans les eaux américaines [4]. Huit populations de tortues sont concernées (dont quatre de tortues vertes, quatre autres d’autres espèces).

A la suite de cette mesure, six populations de tortues ont significativement augmenté au fil des ans, tandis que deux populations n’ont pas connu de changement significatif. Aucune population n’a diminué.

Parmi elles, la tortue Luth, la plus grande tortue sur notre planète (plus lourde même que la tortue géante des Galápagos). Sa population dans les eaux américaines a été multipliée par dix en 32 ans (de 368 individus en 1984 à plus de 3 600 individus en 2016).

Mais la progression la plus spectaculaire concerne les tortues vertes sur les plages de Floride : il y avait 62 nids en 1979 et 37 341 en 2015 !

Selon les auteurs de l’étude, ces résultats confirment des études antérieures qui montrent la capacité des tortues de mer à se relever à la suite de décennies de destruction, à condition que des efforts coordonnés de conservation, nationaux et internationaux soient entrepris. Cette remontée est essentiellement due à la protection des sites où les femelles viennent pondre et à la réduction des prises accidentelles par les pêcheurs, en modifiant le matériel de pêche. Par ailleurs, des aménagements ont été mis en place pour éviter que les plages de ponte soient éclairées la nuit, ce qui perturbe la ponte des femelles puis l’orientation des bébés tortues vers l’océan. Pour aboutir à ces mesures, l’action d’ONGs de protection a été essentielle.